Authentis http://authentis.blue/index.html Donner du sens Wed, 25 Aug 2021 20:42:29 +0000 fr-FR hourly 1 SitePad RIP Jacques Chirac http://authentis.blue/blog/pas-de-titre-7.html http://authentis.blue/blog/pas-de-titre-7/#respond Wed, 02 Oct 2019 12:35:06 +0000 http://authentis.blue/blog/pas-de-titre-7.html

 

Il est évident que Monsieur Chirac était un homme politique dont la motivation (obsession ?) première était l’accession au pouvoir avec tous les travers que cela comporte.  Oui Jacques Chirac a tout sacrifié pour son ambition, oui il a trahi pour qu’il n’en reste qu’un, oui il a joué avec l’argent pour financer cette conquête du pouvoir, oui il a changé d’avis et d’opinion en fonction des vents et des opportunités.

Et tout ceci pour un bénéfice collectif encore à définir…

Et pourtant de cet homme, de ce parcours et de cette vie j’en retiens des enseignements et malgré tout des inspirations personnelles.

Chirac est d’abord un homme qui a su à 18 ans vivre son rêve en s’embarquant sur un charbonnier pendant quelques mois, il vend l’humanité à la sortie de l’église Saint-Sulpice ( ! ) et dirige des hommes en Algérie. Il ne se marie pas par amour mais son mariage durera jusqu’à la mort.

Il est doué pour gagner des combats, non pas grâce à des alliances ou des parachutages favorables. Il gagne par sa présence, son goût des autres. Attitude intéressée me diraient certains. Sûrement mais attitude réelle et palpable grâce à une écoute active et bienveillante. Quelqu’un qui se souvient de votre prénom et de votre dernière entrevue est forcément une personne tournée vers l’autre.

Il possède également cette capacité à être présent sur la scène. Il faut réécouter sa chanson de campagne en 1981, revisionner ses meetings, ses rencontres avec les Français. Il est habillé comme un bourgeois mais il marche, s’exprime et mange de façon authentique ! Et lorsqu’il dérape en 1991 avec le « bruit et l’odeur » personne ne remarque les 2 verres d’alcool face à lui et le front légèrement humide traduisant une envolée non maîtrisée au milieu d’un public qui sans doute n’attendait pas un autre discours.

Oui Chirac a fait des choses qu’on aurait aimé meilleures. Mais il les a accomplies avec l’art et la manière : Chirac savait qu’on ne retient pas les faits et gestes. Il savait qu’un fois que tout s’estompe, ne restent que le souvenir et le parfum d’une rencontre. Ce n’est pas suffisant pour dresser un bilan mais ça compte.

Guillaume Giron

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Un sable qui ne sert à rien… http://authentis.blue/blog/un-sable-qui-ne-sert-a-rien.html http://authentis.blue/blog/un-sable-qui-ne-sert-a-rien/#respond Sat, 03 Aug 2019 12:06:17 +0000 http://authentis.blue/blog/un-sable-qui-ne-sert-a-rien.html

Les marchands de sable boudent le Sahara. Et pourtant, le grand désert africain est le premier gisement de la planète pour cette ressource minérale indispensable au BTP et à nombre d’industries. Le paradoxe n’est qu’apparent : il y a sable et sable et les caractéristiques physico-chimiques des légers grains des dunes sahariennes les rendent impropres aux bétonneuses. Trop petits, trop ronds…

Le sable est aujourd’hui un « or beige » aussi convoité, sinon plus, que le pétrole et l’eau : il est un matériau indispensable à toute construction humaine, de la simple maison (300 tonnes sont nécessaires) aux routes (30 000 tonnes le kilomètre d’autoroute). Mais le sable – que les industriels appellent aussi granulat – est tout aussi incontournable pour fabriquer du verre, des semi-conducteurs, des filtres et, bien sûr, pour délaver les jeans… Ces dernières années, la consommation de cette matière première minérale a fait un bond en avant avec la construction d’îles artificielles, par exemple à Dubaï. Au total, le volume des échanges avoisine les 70 milliards de dollars par an. 

Mais tout ce sable a été récolté sur les plages, dans la mer, dans des carrières, mais pas dans les déserts. Il y aurait pourtant largement de quoi subvenir aux besoins, notamment avec le Sahara : les dunes de sable occupent près de 20 % de la surface de ce désert de près de 9 millions de kilomètres carrés de superficie. « Il y en a de cette saloperie de sable, d’un bout à l’autre, c’est pratiquement sans limites à l’échelle humaine : on est entré […] dans la partie sableuse de la planète », a écrit Théodore Monod dans L’Émeraude des Garamantes. 

À quoi ressemble-t-il ? De couleur ocre, tirant parfois sur le blanc, les grains sont composés à 95 % de silice, avec quelques pourcents additionnels de calcaire et sels divers. Comme n’importe quel sable, il est le produit de l’érosion de roches travaillées sur des millions d’années par l’eau des océans, transportées par l’eau des rivières, battues par les vents, dispersées par les tempêtes. Au Sahara, les scientifiques ont estimé son diamètre : quand il est proche de la roche-mère, il est déjà petit, autour de 0,5 millimètre. Et quand on s’en éloigne, le grain de sable rapetisse jusqu’à un diamètre de 0,04 millimètre. Un sable lisse, « très fin, mal gradué », disent les ingénieurs. 

Ce granulat saharien ne répond pas vraiment aux normes établies fixant pour chaque type de matériau la granulométrie (la dimension des grains qui s’écoulent dans un tamis), la propreté (pas de limon ou d’argile) et les caractéristiques chimiques (humidité, présence de sels). Si on l’utilise pour du béton, par exemple, il y a risque de fissures. Il ne s’agrège pas bien : une construction incluant des grains sahariens, ronds et polis, risquerait de ressembler à terme à un friable château de sable…

Et pourtant, les ingénieurs ne renoncent pas. La littérature scientifique est riche d’essais réalisés au cours des dernières décennies. À la fin des années 1990, par exemple, une étude publiée dans le Bulletin des laboratoires des Ponts et Chaussées présente ses calculs pour la construction de routes traversant le Sahara : un ajout de 25 % de sable de dune dans un mélange composé de sable alluvionnaire, calcaire, gypse et argile est acceptable, explique l’auteur. Plus récemment, en 2018, quatre étudiants de l’Imperial College à Londres ont proposé leur solution : la « brique du désert ». Elle est composée de sable des dunes, auquel on ajoute un liant à la composition tenue secrète et protégée par moult brevets. Baptisé « Finite », le nouveau matériau sableux pourrait changer la donne au Sahara. Un mirage ?

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Vieillesse et dépendance : un marché d’avenir http://authentis.blue/blog/vieillesse-et-dependance-un-marche-davenir.html http://authentis.blue/blog/vieillesse-et-dependance-un-marche-davenir/#respond Fri, 05 Jul 2019 01:59:58 +0000 http://authentis.blue/blog/vieillesse-et-dependance-un-marche-davenir.html

Un marché d’avenir

Séance de yoga et musculation tranquille, au salon des seniors, porte de Versailles à Paris, 2017
© P. Forget / Sagaphoto
Séance de yoga et musculation tranquille, au salon des seniors, porte de Versailles à Paris, 2017
© P. Forget / Sagaphoto

E-santé, adaptation des habitats ou encore participation sociale des seniors : lancée en 2013 par Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, et Michèle Delaunay, ministre déléguée aux Personnes âgées, la « silver économie » définit un cadre pour organiser l’offre de biens et services destinés aux 16 millions de plus de 60 ans que compte le pays. Ce marché immense concerne d’abord l’accueil et le soutien aux aînés, à travers les maisons de retraite, qui emploient plus de 500 000 salariés, et les services à la personne, mais aussi les travaux d’adaptation des logements, les aides techniques ou encore des solutions numériques destinées à faciliter la vie des plus âgés. L’objectif : faire du vieillissement une opportunité économique, plutôt que de ne voir dans cette transition démographique qu’une charge pour la société et des coûts liés au financement de la dépendance ou des retraites. On estime ainsi que la silver économie représente aujourd’hui une activité de 90 milliards d’euros et qu’elle devrait croître de 50 % d’ici à 2025. 

Celle-ci s’adresse à des publics âgés dont les modes de vie, les situations économiques, sociales et familiales ou encore les revenus sont très hétérogènes. La réussite de cette mutation implique donc de ne pas raisonner seulement en termes d’eldorado numérique pour économie déclinante, ni d’oublier le pouvoir d’achat contraint d’une majorité des retraités. Mais il s’agit de s’inscrire dans une logique de sociologie des usages et d’empathie, de faire avec des adultes âgés et non pas pour des personnes infantilisées car considérées comme dépassées. Cela passe par exemple par le développement de systèmes de surveillance, d’alerte ou d’encadrement à distance de personnes en perte d’autonomie ou en risque de fragilisation. Les outils numériques peuvent aussi contribuer à renforcer les liens, à favoriser le contact, à maintenir le regard… Mais la réponse technologique n’est pas la seule à devoir être mobilisée : des initiatives sont lancées pour réintroduire du service physique sur les territoires. D’autres solutions apparaissent bien moins intrusives et tout aussi efficaces : sols antidérapants, sols plus protecteurs, systèmes automatisés d’éclairage…

Rappelons aussi que le développement de cette silver économie a des effets sur l’ensemble de la société, en termes d’emplois, de relations humaines, d’innovations technologiques et sociales, de configuration des territoires… Adapter les équipements et les biens et services pour soutenir la vie de celles et ceux qui prennent de l’âge, c’est souvent faciliter la vie de nombreuses autres catégories de population. Le secteur est aussi porteur d’emplois nouveaux, en particulier dans l’accompagnement des aînés et de nouveaux métiers du care. Et une dynamique nouvelle se fait jour pour un habitat plus souple favorisant la mutualisation de services et d’équipements : adaptation des logements, résidences services, habitats regroupés, intergénérationnels ou autogérés, résidences autonomie… 

Nous sommes ainsi entrés dans l’ère de la « société de la longévité », au sens où le vieillissement de la population et l’allongement de la vie touchent d’une manière ou d’une autre toutes les générations. La France tente ainsi, avec trente ans de retard, de prendre exemple sur le Japon, qui très tôt a choisi de faire de la nouvelle donne démographique un levier d’innovation et de développement économique – ce marché y dépasse aujourd’hui les 800 milliards d’euros.

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Les 4 accords toltèques http://authentis.blue/blog/les-4-accordss-tolteques.html http://authentis.blue/blog/les-4-accordss-tolteques/#respond Sat, 29 Jun 2019 14:42:59 +0000 http://authentis.blue/blog/les-4-accordss-tolteques.html

De quoi s’agit-il ?

« Miguel Ruiz propose de passer avec soi quatre accords visant à briser nos croyances limitatives, précise Maud Séjournant. Celles que nous développons depuis l’enfance, qui distordent la réalité et nous maintiennent dans la souffrance. » À force de conditionnements culturels et éducatifs (sur ce qui est juste ou faux, bon ou mauvais, beau ou laid) et de projections personnelles (« Je dois être gentil », « Je dois réussir »…), nous avons intégré une image fausse de nous-même et du monde.

Ces idées ne sont pas nouvelles. « Elles reprennent les principes de la thérapie cognitive, qui démontrent à quel point le manque de distance ou la généralisation abusive sont des pièges», remarque le psychiatre François Thioly. Pourquoi alors cet engouement ? D’après Maud Séjournant, le talent de l’auteur est d’expliquer ces quatre accords avec des mots simples et des cas concrets. « Il n’est pas nécessaire d’être initié pour les mettre en pratique, poursuit Thierry Cros, coach et auteur de Maîtriser les projets avec l’extreme programming (Cépaduès, 2004). Miguel Ruiz n’ordonne rien. Il laisse entendre que s’il a pu s’approprier ces accords, tout le monde peut le faire. »

Ajoutez à cela la formulation même des préceptes, « qui tiennent en quelques mots, faciles à retenir », selon Jacques Maire, directeur des éditions Jouvence, auxquelles on doit la version française de l’ouvrage, et vous détenez le secret de ce best-seller.

Que votre parole soit impeccable

Parlez avec intégrité, ne dites que ce que vous pensez. N’utilisez pas la parole contre vous ni pour médire d’autrui. 

« Miguel Ruiz rappelle le pouvoir du verbe sur le psychisme, explique Olivier Perrot. Qui n’a pas gardé en mémoire une phrase blessante d’un parent ? Et ne la fait pas encore résonner une fois adulte ? » La parole est un outil qui peut détruire. Ou construire. Contrairement à ce que nous croyons souvent, les mots ont du poids : ils agissent sur la réalité. « Dites à un enfant qu’il est enrobé et il se sentira gros toute sa vie », assure Olivier Perrot.

Comment s’y prendre ? En cultivant la modération dans ses propos : ne pas en dire trop, ni trop vite. Et, d’après le chaman Miguel Ruiz, cela commence dans le discours que l’on se tient à soi-même : « La clé, c’est l’attention à notre discours intérieur », renchérit Thierry Cros, coach. Les critiques et les jugements que nous cultivons sur autrui, mais aussi les sempiternels « Je suis nul », « Je suis incapable » ou « Je ne suis pas beau » que nous entretenons à notre sujet sont des paroles négatives qui polluent notre mental. Or, elles ne sont que projections, images faussées en réponse à ce que nous croyons que l’autre ou le monde attend de nous. Conclusion : parlons peu, mais parlons vrai, en valorisant aussi nos atouts et ceux d’autrui.

N’en faites jamais une affaire personnelle

Ce que les autres disent et font n’est qu’une projection de leur propre réalité. Lorsque vous êtes immunisé contre cela, vous n’êtes plus victime de souffrances inutiles. 

Les paroles et les actes de l’autre ne nous concernent pas en propre. « Ils lui appartiennent, estime Olivier Perrot, parce qu’ils sont l’expression de ses propres croyances. » Vous êtes critiqué ? Ou encensé ? « C’est l’image que l’autre se fait de vous, analyse Thierry Cros. Ce n’est pas vous. »

De même, les événements qui surviennent ne sont pas toujours des réponses à notre comportement. Selon Miguel Ruiz, nous devons sortir de cet égocentrisme qui nous fait croire que tout ce qui arrive autour de nous est une conséquence de notre attitude. Le « moi je » nous maintient dans l’illusion. Donc dans la souffrance.

Comment s’y prendre ? « Il s’agit moins de rester stoïque que de prendre du recul », conseille Thierry Cros. Ramener à soi ce qui appartient à l’autre déclenche inévitablement de la peur, de la colère ou de la tristesse, et une réaction de défense. L’objectif : laisser à l’autre la responsabilité de sa parole ou de ses actes et ne pas s’en mêler. Cela suffit souvent à calmer le jeu.

Ne faites aucune supposition

Ayez le courage de poser des questions et d’exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.

« C’est un travers banal, admet Olivier Perrot. Nous supposons, nous élaborons des hypothèses et nous finissons par y croire. » Un ami ne nous a pas dit bonjour ce matin, et nous imaginons qu’il nous en veut ! Selon Miguel Ruiz, c’est un « poison émotionnel ». Pour s’en libérer, il propose d’apprendre à mettre les choses à plat, par exemple en exprimant ses doutes. « Ce qui implique d’apprendre à écouter et d’être capable d’entendre », remarque Thierry Cros.

Comment s’y prendre ? Il s’agit de prendre conscience que nos suppositions sont des créations de notre pensée. Dès lors qu’une hypothèse devient une croyance (« Cet ami est fâché contre moi »), nous élaborons un comportement de pression (« Je ne l’aime plus non plus » ou « Je dois le convaincre de m’aimer à nouveau »), source d’angoisse et de stress.

Faites toujours de votre mieux

Votre “mieux” change d’instant en instant. Quelles que soient les circonstances, faites simplement de votre mieux et vous éviterez de vous juger.

« Cet accord découle des trois premiers, constate Olivier Perrot. Lorsque vous en faites trop, vous vous videz de votre énergie et vous finissez par agir contre vous. Mais si vous en faites moins, vous vous exposez à la frustration, à la culpabilité et au regret. » Le but est de trouver le juste équilibre.

Comment s’y prendre ? Ce qui est juste pour soi ne dépend en aucun cas d’une norme. Pour Miguel Ruiz, certains jours, faire ce qu’il y a de mieux pour soi, c’est rester au lit. Dans tous les cas, souligne Thierry Cros, « le pire piège est la course à la perfection ». L’un des moyens d’éviter ce travers est de remplacer nos « Je dois faire ceci » par des « Je peux faire ceci ». Comme l’affirme Olivier Perrot, « cela permet de s’approprier pleinement l’objectif à atteindre, sans se soucier du jugement et des attentes des autres ».

L’auteur : Miguel Ruiz

Né en 1952 dans une famille de guérisseurs au Mexique, Miguel Ruiz devient neurochirurgien, avant qu’une NDE (near death experience, « expérience de mort imminente ») dans les années 1970 ne transforme sa vie. Il décide alors de retrouver le savoir de ses ancêtres toltèques, devient chaman et se donne pour mission de transmettre cette sagesse au plus grand nombre. Après des années d’enseignement et d’écriture, il est victime d’une attaque cardiaque en 2002, et passe le relais à son fils, José Luis Ruiz. Les Quatre Accords toltèques restent son livre phare.

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La force de dissuasion française http://authentis.blue/blog/la-force-de-dissuasion-francaise.html http://authentis.blue/blog/la-force-de-dissuasion-francaise/#respond Thu, 27 Jun 2019 10:12:50 +0000 http://authentis.blue/blog/la-force-de-dissuasion-francaise.html

La force de dissuasion française

La France est un pays doté d’armes nucléaires depuis le début des années 1960. Pendant la guerre froide, elle a développé un arsenal varié comprenant des avions bombardiers, des missiles sol-sol, des sous-marins lanceurs de missiles balistiques et des armes nucléaires dites tactiques. Depuis 1996 et la fermeture du site de missiles du plateau d’Albion, deux composantes des forces nucléaires subsistent.

La première est la force aérienne stratégique. Elle compte une quarantaine d’avions équipés de missiles de croisière et devrait à partir de 2018 ne plus comprendre que des Rafales. Chacun de ces appareils peut emporter une tête nucléaire d’une puissance équivalente à l’explosion de 300 000 tonnes de TNT, soit environ vingt fois la capacité de destruction et trois fois le rayon de l’effet de souffle de la bombe lancée à Hiroshima en 1945. L’explosion d’une telle arme au-dessus de Paris détruirait complètement la ville intramuros et tuerait potentiellement plus d’un million de personnes, sans compter les blessés.

La seconde composante est la force océanique stratégique, basée à l’île Longue, en Bretagne. Elle est constituée de quatre sous-marins lanceurs d’engins de type Triomphant, tous récemment remis ou en train d’être remis à neuf. Il y a en permanence au moins un bâtiment en mission opérationnelle, prêt à faire feu si l’ordre en est donné par le président de la République. Chaque sous-marin peut emporter jusqu’à 16 missiles balistiques M51 capables de délivrer plusieurs têtes nucléaires à différents endroits sur sa trajectoire, de sorte qu’il leur est possible de frapper plusieurs cibles à des milliers de kilomètres en moins de 20-30 minutes. La liste actuelle des cibles potentielles reste secrète mais a été historiquement concentrée sur la Russie.

Bien que la France ait arrêté la production de plutonium et d’uranium enrichi de qualité militaire nécessaire à la fabrication des armes, les stocks actuels sont suffisants pour maintenir l’arsenal en l’état pendant des milliers d’années et pourraient, d’après les estimations, supporter une augmentation du nombre d’armes par quatre.

La France détient quelque 300 ogives. Officiellement, le dimensionnement de l’arsenal français est régi par le principe de « stricte suffisance », c’est-à-dire que le nombre d’armes nucléaires est censé correspondre au minimum requis pour présenter aux adversaires de la France une menace crédible de dommages inacceptables. À titre de comparaison, les États-Unis et la Russie possèdent chacun plus de 6 000 têtes nucléaires, dont 2 000 sont déployées ; les autres pays dotés d’armes nucléaires en ont de plusieurs dizaines (Corée du Nord, Israël, Inde, Pakistan) à quelques centaines (Chine et Royaume-Uni).

Toutefois, la recherche académique a montré que les arsenaux nucléaires sont rarement des instruments au service d’une stratégie préétablie. Souvent, la doctrine est formulée en fonction des capacités créées et les différents niveaux de rhétorique ne coïncident pas avec les capacités opérationnelles. Ainsi, la « modernisation » des forces nucléaires françaises, déjà décidée pour les prochaines années, sera plutôt un remplacement en l’état des systèmes actuels sans innovation particulièrement majeure. Ces remplacements doivent doubler le budget annuel de la dissuasion au moins durant la période d’acquisition des équipements les plus importants. Ils entraîneront aussi des coûts à long terme pour les Français d’aujourd’hui et de demain jusqu’à la fin du xxie siècle en tenant compte du cycle de vie complet de ces armes.

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Etat d’urgence climatique http://authentis.blue/blog/etat-durgence-climatique.html http://authentis.blue/blog/etat-durgence-climatique/#respond Thu, 27 Jun 2019 09:49:27 +0000 http://authentis.blue/blog/etat-durgence-climatique.html

« On n’y arrivera pas sans changer notre mode de vie »

Au vu des résultats des européennes et des récentes grandes marches pour le climat, diriez-vous que nos sociétés sont en train de se convertir réellement à l’écologie ? Se passe-t-il quelque chose d’exceptionnel ou d’inédit ?

Oui, honnêtement oui. Je pense qu’on assiste à une mobilisation du public plus importante qu’avant, en particulier du côté des jeunes. Elle ne me paraît pas éphémère. C’est nouveau. Souvenez-vous des paroles de Nicolas Hulot quand il a démissionné en août dernier, il a dit : « On ne fait pas de manifestations pour le climat. » Eh bien, si, on en fait. Je vois là quelque chose de neuf et d’important. Plus, sans doute, que dans le résultat électoral des écologistes aux européennes.

À quoi attribuez-vous cette prise de conscience ? 

C’est un phénomène émergent qui résulte d’une accumulation. La hausse de la mobilisation du public s’est manifestée à travers la montée du contentieux judiciaire autour du changement climatique, avec les actions d’Urgenda – un mot latin qui signifie : « la chose rapide à faire ». Urgenda est une ONG environnementale néerlandaise qui, peu avant la COP21 de 2015, a attaqué et fait condamner le gouvernement des Pays-Bas pour non-respect de ses engagements pris pour le climat. Elle a été le modèle de toute une série d’actions qui ont suivi, notamment en France au début de cette année avec une campagne du même type, connue sous l’appellation « L’Affaire du siècle » [qui rassemble à ce jour 2,182 millions de signataires], menée par des associations qui se disent prêtes à attaquer le gouvernement français en justice pour inaction en matière de climat. Ça a fait rigoler les politiques… Mais ces initiatives existent partout dans le monde, en Amérique du Sud, en Inde et ailleurs. C’est nouveau de passer par le judiciaire pour faire pression sur les États. 

Cela vous a surprise ?

Quand j’ai vu arriver les manifs pour le climat, je me suis dit : c’est le catastrophisme en marche, et personnellement je ne suis pas catastrophiste. Mais on a l’impression que les gens se mobilisent par peur que ça aille plus mal. Ça aussi, il me semble que c’est nouveau. En 2015, ces manifestations pour le climat partout dans le monde avaient un caractère plus militant. 

À quel point a-t-on pris la mesure de l’urgence écologique et du danger qu’il y aurait à ne pas réagir ?

À titre d’anecdote, mon petit-fils qui va avoir 18 ans a déclaré qu’il ne mangerait plus de Nutella parce que ce produit est fabriqué avec de l’huile de palme. Il a donc conscience de cela. Je pense qu’un certain nombre de gens veulent changer leur comportement. Et c’est important. Mais il faut faire la différence entre des séries d’actions individuelles liées à la prise de conscience d’une situation qui ne peut pas durer, et des mobilisations collectives exprimant des luttes locales contre des projets de privatisation de l’eau, de centres commerciaux ou de centres de loisirs sur des terrains agricoles. 

Quelles sont les grandes différences entre les principales familles écologistes ?

Une tribune du philosophe et chercheur Pierre Charbonnier récemment parue dans Le Monde met en lumière une première grande différence. D’un côté, il s’agit de se mobiliser avec l’idée que l’urgence écologique est mondiale. La situation de l’environnement, évaluée sur des bases scientifiques, réclame l’union de tous en laissant tomber les conflits d’intérêts. Cette vision ancienne, favorable à un changement profond de notre gestion de la planète, remonte à l’appel de Milan de 1971, publié dans toutes les langues du monde par 2 200 savants dans le bulletin de l’Unesco. On en retrouve l’écho dans la liste Urgence Écologie conduite aux européennes par Delphine Batho et le philosophe Dominique Bourg. Cela rejoint l’idée avancée par le scientifique suédois Johan Rockström, qui a déterminé les dix limites terrestres que l’humanité ne doit pas dépasser si elle veut continuer de se développer : biodiversité, variations climatiques, état des sols, etc. C’est une approche churchillienne : on oublie nos différences et on s’unit tous face au danger, sur la base d’une référence scientifique. 

Face à cette vision, d’autres estiment qu’on n’avancera que par la voie politique, donc dans le conflit. De Pierre Charbonnier à Yannick Jadot, en passant par Bruno Latour dans son livre Où atterrir ?, tous lancent cet avertissement : « Arrêtez de dire ni droite ni gauche, c’est une lutte politique. » Écologie scientifique ou politique, c’est le grand clivage.

Y a-t-il une écologie de gauche et une écologie de droite ? Et une compatibilité entre l’écologie et le capitalisme ? 

Quand Dominique Voynet, ministre de Lionel Jospin, a dit que l’écologie était de gauche, c’était une façon de se lier au PS, de passer des accords électoraux. Dire que l’écologie est de gauche, c’est aussi affirmer que la dégradation de l’environnement est la conséquence de la société industrielle, de la recherche systématique du profit dénoncée aussi par le pape François. Problème : les projets socialistes ont toujours été aussi productivistes que le projet capitaliste. Ce n’est pas avec le capitalisme qu’on arrivera à une société écologique, mais on n’a pas en vue de véritable alternative globale au capitalisme : si ce n’est une économie dirigée, alors on peut imaginer qu’émergeront des enclaves locales se soustrayant au capitalisme, des expériences de vie autres. L’extraordinaire développement de l’agriculture biologique en France n’est pas une alternative au capitalisme, mais c’est une certaine alternative au productivisme. 

La transition écologique implique-t-elle nécessairement des sacrifices ? Et si oui, lesquels ?

Oui, il faut arrêter de manger du Nutella ou l’équivalent du Nutella !

C’est quoi, notre Nutella ?

La voiture, la viande… Mais on n’y arrivera pas sans changer notre mode de vie. On entend que les énergies renouvelables vont émerger et que tout continuera comme avant. Je ne le crois pas. Nous, pays développés, pourrions consommer moins. Si ça marche, je pense que ce sera une autre sorte de vie, pas forcément des sacrifices. 

Les énergies renouvelables sont-elles l’avenir ou sommes-nous condamnés au nucléaire ? 

Je ne suis pas économiste, mais je vois les titres des journaux annoncer que les énergies renouvelables seront de moins en moins chères. La réponse est au niveau des gouvernements, qui doivent arrêter de soutenir les énergies fossiles. J’appartiens à la commission qui organise le débat public sur le PNGMDR : le plan national de gestion des matières et des déchets radioactifs. Le maître d’ouvrage est la direction générale de l’énergie et du climat, donc les pouvoirs publics. Tout le plan suppose que l’on continue le nucléaire. Ça se discute ! Le débat se passerait mieux s’il portait sur la poursuite ou non du nucléaire, plutôt que sur les filières de traitement de déchets radioactifs. D’autre part, il y a dans la loi de 2015 sur la transition énergétique l’engagement de passer le poids du nucléaire de 75 % à 50 % dans notre mix énergétique. On n’en prend pas le chemin. 

On parle aujourd’hui d’Anthropocène (d’anthropos, l’« humain » en grec) pour pointer la responsabilité de l’homme dans les changements environnementaux. Si l’activité humaine nous a fait basculer, après l’Holocène, dans une nouvelle ère géologique, quelle peut-être le rôle de l’humain dans la transition écologique ?

Que l’on parle d’une ère appelée Anthropocène, donc « ère de l’homme », montre bien que l’humain est au centre. Les gens ne se mobilisent pas pour une nature qui leur est extérieure, ils se mobilisent pour eux. Mais la notion d’Anthropocène pose problème car elle attribue à l’ensemble de l’humanité le récit d’une atteinte au « système Terre » provoquée par la société industrielle et le capitalisme. D’où la proposition de dire non pas Anthropocène, mais Capitalocène.

Pour désigner les véritables responsables du désastre écologique ?

Oui, car les plus atteints sont les moins responsables. Les habitants des îles du Pacifique sud ou des deltas du sous-continent indien n’y sont pour rien, leur empreinte écologique ou carbone est quasi nulle. C’est profondément injuste. 

Pourquoi ce mot d’Anthropocène a-t-il fait florès ces dernières années ?

Ce qui a plu, c’est qu’il met l’homme au centre. Parler nous de nous, il n’y a que ça qui nous intéresse… Ce terme permet aussi un récit global de la façon dont l’humanité en est arrivée à mettre la planète en danger. Enfin, ce mot met un nom sur des choses qui n’auraient eu sinon qu’une appellation scientifique.

Quelles seraient les grandes dates de ce phénomène ?

Je vois deux références historiques. D’abord la Révolution industrielle, de la fin du xviiie au milieu du xixe siècle ; le passage au charbon, puis au pétrole. Ensuite, ce qu’on appelle la grande accélération, après la Deuxième Guerre mondiale. Hiroshima et Nagasaki, la bombe atomique, et surtout les courbes en crosse de hockey, quand tout commence à grimper : les émissions de CO2, la démographie, la production industrielle…

Quelle sera l’étape d’après ?

Nous avons changé de régime de prévisibilité. Ce qui a caractérisé l’Holocène, l’ère qui a précédé celle qu’on appelle l’Anthropocène, c’était la stabilité du climat autour de températures moyennes – donc la prévisibilité –, ce qui a permis le développement de l’humanité. L’Holocène, c’est le néolithique, les débuts de l’agriculture. C’est cela que change l’Anthropocène : des événements climatiques extrêmes sont désormais possibles. On est dans du complexe et de l’imprévisible. La philosophe et historienne des sciences Carolyn Merchant, qui enseigne à Berkeley, parle d’une nature qui échappe à notre contrôle.

Croyez-vous à une union sacrée autour de l’écologie ?

Non. L’Union sacrée, c’est Churchill au moment de l’attaque allemande. C’est une période très courte, en réaction à un danger extraordinairement visible. Ça ne marche pas comme ça avec le risque écologique. On le combattra par des avancées politiques. L’appel de Milan date de 1971. Des appels de Milan, on en a tous les ans. Il faudrait ressentir un danger imminent pour qu’on oublie les conflits et les intérêts de chacun…

Propos recueillis par ÉRIC FOTTORINO(avec MARGUERITE LACROIX)

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